29/04/2024
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Pour notre nouvelle Newsletter, nous avons interrogé Thomas JANVIER, Maire de Maen Roch, sur l’histoire et l’impact de l’activité granitière dans sa commune.
Maen Roch est la fusion des deux communes historiques de Saint-Brice-en-Coglès et de Saint-Étienne-en-Coglès. Avec 5200 habitants, elle est désormais la 2e ville du Pays de Fougères, juste derrière Fougères. Située au carrefour de plusieurs axes majeurs (l’A84 et la RD 155) entre Normandie et Bretagne, Maen Roch possède un dynamisme économique (avec des grandes entreprises de plusieurs centaines de salariés comme Abera ou Armor Protéines), scolaire (avec 2 collèges et 4 écoles pour 1310 élèves), démographique (la croissance annuelle est de 1,6%), médicale (un hôpital et une Maison de Santé, 7,4 professionnels pour 1000 habitants), sociale (70 associations) et culturelle (plusieurs labels dont Village Etape et Village en Poésie)…
Il fait bon vivre à Maen Roch car nous avons tous les services d’une ville dans un milieu rural préservé. La marque de territoire de la commune appelle d’ailleurs à « osez un bol d’air poétique » !
L’extraction et la transformation du granit sur Maen Roch est une activité traditionnelle qui remonte à la période gallo-romaine. Jusqu’au XVIIIe siècle, l’extraction se fait manuellement, avec plus ou moins de réussite. Les carriers, appelés picaous dans le Coglais et picotous dans l’Antrainais, modèlent la pierre avec leurs bouchardes. A partir du XIXe siècle, l’apparition des machines industrielles révolutionnent la pratique et donnent des pierres de taille beaucoup plus géométriques. A partir de 1872 et la construction de la ligne de chemin de fer entre Vitré et le Mont-Saint-Michel (Moidrey) en passant par Saint-Étienne-en-Coglès et Saint-Brice-en-Coglès, l’activité va prendre son essor avec l’export des blocs de granit dans toute la France. Par exemple, des morceaux de granit du secteur de Saint-Brice sont utilisés à Paris, notamment pour les bordures de trottoirs de l’Avenue de l’Opéra ou les habitations.
L’activité granitière connaît son apogée après la Seconde Guerre mondiale, quand il fallait reconstruire le pays en ruine. Les carrières se multiplient. Cela va des petites entreprises familiales de 1 à 3 personnes aux entreprises plus importantes, comme l’entreprise Régnault situé à la gare de Saint-Etienne-en-Coglès qui exploitait une carrière de granit et une usine très moderne pour l’époque de fabrication de monuments funéraires (années 1930). En 1953, Emile Rébillon crée son entreprise de granit à Baillé et se retrouve rapidement à la tête de deux usines (Granits Rébillon à Baillé et Granits Polis à Saint-Brice). Il possède dans les années 1960 des carrières dans plusieurs bassins granitiers en Bretagne notamment sur la Côte de Granit Rose ainsi qu’au Portugal. Au temps de la splendeur du granit, il emploie jusqu’à 150 personnes produisant 4000 monuments funéraires par an.
Dans les années 1960, les petites structures se regroupent en coopératives. Souvent associées à une vision plus sociale du travail de picaous, elles structurent le milieu rural.
Après les années fastes viennent les années de désarroi. Dans les années 2000, une cinquantaine d’entreprises d’extraction ou de transformation de granit disparaissent en Bretagne. Dans le cadre de la mondialisation, la concurrence des autres granits européens (portugais par ex) ou de celui de Chine fait mal.
Les retombées sur la commune sont beaucoup moins fortes que dans les années 1960-1970 où le granit rythmait la vie économique et sociale. Les carrières ont fermées et la plupart des granitiers ont disparu à part une poignée d’irréductibles comme Thierry Douaglin dans le centre de Saint-Brice.
C’est surtout l’entreprise Granit Rébillon Voirie (GRV) installée à Saint-Etienne qui porte le flambeau du granit à Maen Roch. La reprise en 2015 par Marc SA a fait passer la structure au XXIe siècle avec l’installation de robots dernier cri. Le site est en pleine évolution et cherche même à s’agrandir. En 2021, le site a bénéficié du plan de relance de l’Etat « France Relance » pour l’achat des premières machines robotisées, fabriquées en France.
A côté de productions locales, l’entreprise contribue à des grands projets nationaux. A Paris, dans le 13ème arrondissement, un escalier monumental et une esplanade ont été construits avec du granit breton provenant de l’atelier.
Actuellement, GRV emploie 40 personnes, aux compétences et aux profils variés.
La municipalité a fait le choix depuis de nombreuses années de passer en direct avec l’entreprise GRV pour les bordures de voirie et autres éléments de mobilier urbain. En le sortant des marchés publics, nous évitons la concurrence de productions étrangères avec des prix cassés. C’est une garantie pour l’entreprise comme pour la mairie. La réactivité de l’entreprise est vraiment appréciable et permet de créer des relations solides avec un acteur économique local majeur.
Choisir le granit breton, c’est aussi porter des valeurs de savoir-faire et de patrimoine. Le granit fait partie de notre identité locale et de la mémoire collective, à l’image du festival de musique à Saint-Marc-le-Blanc « en mai, la musique fait carrière ».
La commune communique régulièrement sur l’origine géographique des granits utilisés, notamment en faisant la promotion de l’Indication Géographique Granit de Bretagne.
Tous nos lotissements sont équipés par des éléments en granit breton. En plus de perpétuer une tradition et une mémoire fortes, c’est choisir un matériau indestructible !