02/12/2024
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Sommaire
Le 15 novembre 2024, l’association Indication Géographique Granit de Bretagne (IGGB) a organisé à Dinan Agglomération une matinée d’échanges pour présenter une étude approfondie sur le coût global du granit français et importé. Deux tables rondes ont permis d’aborder les dimensions économiques, sociales et environnementales de l’achat local, avec des experts, élus, et professionnels. Voici les principaux enseignements de cette journée riche en perspectives.
Simon UZENAT, sénateur du Morbihan, représentant la Région Bretagne pour cette journée, a ouvert les échanges en rappelant que l’achat public est un acte politique, avec des répercussions directes sur l’emploi et le dynamisme local. La Région, par son SPASER (Schéma des achats responsables), coordonne les politiques d’achats avec les collectivités locales pour maximiser le retour sur investissement territorial (ROI). En chiffres, celui-ci représente 406,7 M€ d’achats publics en 2024.
La Bretagne se distingue par sa forte culture d’achat local : 75 % des entreprises régionales favorisent ce type de démarche, bien au-dessus de la moyenne nationale de 47 %. Cependant, Simon UZENAT met en garde contre un localisme excessif, qui pourrait limiter les opportunités hors région. « Soutenir nos entreprises, c’est aussi leur donner les moyens de conquérir des marchés ailleurs. »
Il encourage les entreprises à faire du sourcing auprès des collectivités pour mieux valoriser leur savoir-faire, une idée soutenue par Grégory PACAUD, expert en marchés publics pour le cabinet Victoryus, qui insiste : « C’est un savoir-faire qu’il faut faire savoir. »
Jérémy DAUPHIN, maire de Languédias et vice-président de Dinan Agglomération, a souligné l’importance de quantifier l’impact de l’économie locale. « Cette étude donne des chiffres concrets pour illustrer le dynamisme et les emplois générés par nos entreprises locales. » Il a également évoqué l’importance du granit pour l’histoire, le tourisme et l’activité économique de sa commune, qui accueille deux sites granitiers.
Dinan Agglomération se distingue par ses politiques exemplaires, couronnées en 2021 par le prix européen Procura+ pour ses achats durables. Grégory PACAUD a ajouté que les nouvelles réglementations, notamment sur l’environnement et l’inclusion, constituent une opportunité pour les entreprises locales de se démarquer.
Françoise RESTIF, de Bretagne Développement Innovation (BDI), a présenté le projet Relocalisons en Bretagne, qui sensibilise aussi les entreprises à intégrer l’achat local dans leur stratégie. Les outils proposés incluent :
Nicolas DELSINNE, représentant des entreprises granitières du Groupe Marc, a mis en avant les engagements RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) de la filière, portée notamment par le Label RSE de l’UNICEM Bretagne. « En favorisant l’achat local, on conserve des services essentiels pour nos territoires, que nous perdons avec l’importation. »
Matthieu TRIPAULT, expert en marchés publics, a rappelé l’importance de l’allotissement, qui permet de distinguer la fourniture de produits spécifiques comme le granit dans les appels d’offres. Il a également insisté sur l’introduction de critères environnementaux et techniques pour valoriser les offres locales, en prévision de l’obligation de mesurer la performance environnementale des marchés dès 2026.
Simon UZENAT a détaillé la stratégie régionale pour favoriser l’approvisionnement local, notamment :
Philippe THEBAULT, vice-président de Rennes Métropole, a partagé son expérience en matière de marchés publics. Rennes Métropole travaille à réduire l’importance du critère prix et intègre des critères de transparence sur la provenance des matériaux, favorisant ainsi l’usage de granit breton. Yannick LOUAPRE, de l’entreprise Barthélémy, a partagé son point de vue d’entreprise de travaux publics sur ces marchés qui intègrent officiellement les fournisseurs. Il appelle à bien anticiper la coordination nécessaire entre les acteurs.
Thomas LECORGUILLE, directeur général adjoint de Bretagne Granits, a salué cette montée en puissance des demandes en granit local. « Nous avons modernisé nos ateliers pour répondre à ces attentes, tout en valorisant notre expertise à travers des collaborations comme celle du jardin mémoriel des attentats du Bataclan. » Il a également encouragé les entreprises à intégrer des Groupements Momentanés d’Entreprises (GME), une formule gagnante pour décrocher des projets ambitieux tout en restant compétitifs.
L’IG Granit de Bretagne, en collaboration avec l’Agence Déclic, travaille sur un guide d’aide à la prescription pour les collectivités. Celui-ci met en avant des recommandations concrètes, basées sur des critères environnementaux et la traçabilité, pour favoriser l’achat de granit local tout en restant conforme au Code de la commande publique.
L’association déploiera ses messages autour de ce guide et de l’étude comparative dans les prochains mois, en poursuivant ses échanges avec les collectivités bretonnes et autres acteurs de l’aménagement des espaces publics.
Jérémy DAUPHIN a remercié l’association IGGB pour cette étude, qu’il considère comme un socle très important pour renforcer les stratégies d’achat local.
« L’histoire du granit breton est riche, mais elle a surtout un avenir », a conclu Simon UZENAT. Ce matériau emblématique de la Bretagne incarne une filière qui évolue avec son temps. Grâce entre autres à l’achat local, les granitiers bretons continuent de jouer un rôle clé dans le développement des territoires, avec des entreprises dynamiques et porteuses.
Pour en savoir plus sur la journée, découvrez le reportage consacré par France 3 Bretagne